Cage Dorée

Désespoir entraînant, envoûtant, menaçant. Sombre étole de soie noire bénie de transparence, étoffe qui enferme les sens dans une brume opaque, maléfique auteur des troubles qui m’animent. Je suis prise au piège, enfermée dans la cage dorée qui m’ouvrait les bras et me recueillait doucement. Victime de tous ces comportements inhumains qui scellent mon destin et me crachent l’étendue de leur mépris. Ils me haïssent, tous, et leur venin m’empoisonne lentement, avec la même douceur que les mains traîtresses qui se referment lentement autour de ma gorge. Danse macabre, folie douce. Facile de croire que tous ces gens autours sont des amis, des gens encapuchonnés dans la paisible chaleur de leur souffle mystérieux. Facile, trop facile pour que je ne me doute pas que ces électrons qui gravitent autour de moi ne sont que des nuisibles, nocifs à mon air, nocifs à mon âme et nocifs à mon cœur. Toute la vie n’est que poison qui lentement consume les sens, juste étendue de douceur recouvrant les silences morbides de leurs macchabées dont les cendres se collent à nos pas. Facile de croire que la faucheuse n’est qu’un pas de plus à franchir, l’ultime étape d’un courage que l’on ne peut exercer librement. La vie est un présent soigné, poli, délicieusement diplomate, premier cadeau que l’on vous offre avant de partir, de s’éloigner en vous abandonnant tel un vulgaire tas de poussières au coin du destin. Facile d’offrir la pomme qui vous consumera, le ver qui rongera l’esprit en toute insouciance, presque négligemment aidé par les vapeurs subtiles de l’abandon dans lequel on vous enferme sans même une pensée d’adieu, un mot , un chuchotis délicieusement réconfortant que personne ne prend la peine de vous graver sur la chair. Seul reste la profonde marque gravée comme une plaie sur un corps d’enfant, plaie de celle qui restent et qui ne peuvent s’en aller et vous laisser tranquille. Plaies de l’âme, plaies de l’esprit, du cœur, du corps, de tous les biens qui vous appartiennent et qui ne sont que les justes recours à une vengeance camouflée. Plaies, déchirures, tout ce qui vous arrache la peau et la fait brûler, tout ce qui vous lacère sans détours, fruits d’une injuste complaisance. Fouetté lâchement par les cordes qui vous maintiennent les membres, sombre marionnettiste flagellateur qui dans l’ombre se joue de votre sort, ficelles maléfiques tirées par les mains pâles d’un diable inconnu. Facile, trop facile ces actes qui nous enferment dans la bulle du bonheur, fausse joie morbide qui vous arrache le cœur par un beau matin. Tout n’est que pure facilité : les joies de la vie, le triomphe de la mort, beau cadeau baladeur qui vous entraîne dans les délicieuses abysses d’une citadelle imprenable. Juché sur un mont de pierres usées, la voix brisée par les cris de douleurs que l’on m’arrache, Je vous maudit et vous hurle toutes les injustes emprises que vous avez prit sur moi, tous ces petits rien, ces petits pieux que l’on m’enfonce au creux du cœur, flot de sang dont vous vous emparez pour vos sombres desseins. Facile, cette lâche revanche sous laquelle vous vous abritez sans cesse, facile ces heures passées à me torturer l’âme avec le plus odieux des délices, les lèvres retroussées par tous ces sourires qui m’écorchent. Facile, injustement facile, toute cette joie que vous me jetez à la gueule dans une ultime preuve de votre insoutenable bonheur. Facile de me laisser crever sans même un regard, les ombres de vos yeux tournés sur mon corps écorché, facile de me recouvrir de ce voile noir qui épanche votre joie et étouffe la mienne. Sombre étole de soie noire bénie de transparence, étoffe qui enferme les sens dans une brume opaque, maléfique auteur des troubles qui m’animent. Je suis prise au piège, enfermée dans la cage dorée qui m’ouvrait les bras et me recueillait doucement. Victime de tous ces comportements inhumains qui scellent mon destin et me crachent l’étendue de leur mépris…