La Vie est belle

Il était une fois Moi. Une fois 6 ans. Une guerre.
L'homme me souris. Il m'aime, et ses yeux pétillent de cette flamme qui n'est propre qu'à lui. Attisée lorsqu'il rit; vacille un instant, comme prise de remords, mais se redresse bien vite, pleine d'orgueil, pour briller de nouveau.
Atteindre 1000 points, et on gagne le lot. 1000 points papa ?
Et c'est ainsi. Et c'est facile.
Les journées sont longues. Je m'ennuie un peu, tout seul, mais je n'ose pourtant le dire. Car viens le soir, soir étoilé, piste aux "étoiles jaunes", où ce clown rayé illumine mon horizon de ses promesses.
Nous sommes en tête. 1000 points papa ?
Et c'est ainsi. Et c'est facile.
Je ne vois pas tout. Je ne comprends pas. Pas en âge, pas en âge. Ils brûlent tous dans des fours ! Pas en âge... Alors, étourdie d'enfandises, je plonge dans l'imagination de cet homme sans une question, aussi avide que la Mort tournant au dessus de nos os. Mais c'est quoi la Mort ? 1000 points papa ?
Et c'est ainsi. Et c'est facile. Et je ne vois pas.
Monts et Merveilles m'ouvrent les bras sous ses récits, trésors dans sa tête, trésors dans la mienne. Il m'aime. Il m'entoure et me protège, jusqu'au silence absolu. Mais le clown tarde à revenir, il doit jouer. Jusqu'au silence absolu.. Absolution. Pardon de n'avoir su comprendre...
Quelques rafales, quelques balles, pas mille ! non, cinq, juste cinq petits trous au creux de mon père, cinq petits poisons au creux de mon coeur. 1000 points papa ?
1000 points et un sourire,
5 balles et un clin d'oeil...
L'oubli de la Barbarie pour les yeux d'un enfant, le pari de rire de l'Horreur.
1000 points d'amour, 1000 points gagnés dans un jeu qui se nommait la guerre.
Mais hélas ! Nul besoin de jouer...
Juste 1000 points, rien d'autre ne compte.
Et c'était ainsi. Et c'était facile. La vie était belle...